M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ)
propose:
Que cette Chambre condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement la mission canadienne en Afghanistan jusqu’en 2014, reniant ainsi deux promesses faites à la population, soit celle faite en Chambre le 10 mai 2006 et réitérée dans le Discours du Trône de 2007 de soumettre à un vote du Parlement tout déploiement militaire et celle faite le 6 janvier 2010 de faire de la mission en Afghanistan une mission strictement civile après 2011, sans présence militaire autre que la garde nécessaire à la protection de l'ambassade.— Monsieur le Président, j'aimerais d'abord remercier le chef du Bloc québécois qui m'a permis de présenter cette motion au nom de notre parti. Au fond, c'est presque un peu dramatique, car on est maintenant obligés de faire en sorte que ce soit le Bloc québécois qui doit amener le véritable débat sur les enjeux de l'Afghanistan. Cela fait maintenant une dizaine d'années que ces enjeux sont devant nous. Bizarrement, le Bloc québécois est maintenant obligé de déposer une motion qui forcera le vote et le débat sur la question qui est devant nous aujourd'hui.
J'ai l'intention de démontrer que le premier ministre et le Parti conservateur ont induit la Chambre en erreur, entre autres en reniant leur parole. Je citerai des extraits absolument explicites tout à l'heure. Je vais aussi réaffirmer, en conclusion, que pour la troisième fois de suite, le Bloc québécois s'objectera à la prolongation du volet militaire en Afghanistan, et ce, pour toutes sortes de raisons, entre autres parce que le fardeau avec les nations de l'OTAN est mal partagé.
Avant de commencer, j'aimerais décrire un peu, pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent, comment je perçois le travail d'un député. D'abord, un député est quelqu'un qui est élu par sa population et qui a un quotient électoral, comme on l'appelle dans le langage politique, d'environ 100 000 personnes. C'est la même chose pour les députés de chacun des 308 comtés au Canada.
Le candidat va en campagne électorale. J'ai moi-même fait six campagnes électorales, donc je suis bien placé pour en parler. Une campagne électorale, c'est difficile, car on lutte contre des adversaires ayant des idées différentes des nôtres. Finalement, c'est la population qui décide quel candidat sera envoyé à la Chambre des communes. C'est donc le peuple qui choisit son représentant. Le peuple n'a pas le temps de suivre la politique au jour le jour, donc il fait confiance à la personne qu'il a déléguée et élue et non pas seulement au premier ministre et aux ministres.
En tant que député de Saint-Jean, je suis redevable à la population de Saint-Jean et je dois lui rendre des comptes. Lorsque viendra le temps d'une prochaine élection, c'est cette population qui devra, encore une fois, établir si j'ai fait un bon travail, si j'ai respecté ses volontés, si je suis allé dans la direction qu'elle voulait, si je l'ai défendue quotidiennement ici, à la Chambre des communes.
Le jour de l'élection, lorsque les résultats sont connus, chacun des 308 élus au Parlement est donc frappé de la légitimité du peuple. D'ailleurs, l'expression latine assez populaire Vox populi, vox Dei soutient que la voix du peuple est la voix de Dieu. La voix de Dieu s'est donc fait entendre lors de cette journée, car le peuple du comté de Saint-Jean a décidé que je serais leur député. Chacun des 308 députés de la Chambre des communes a aussi reçu cette légitimité.
On se transporte donc dans l'arène populaire, soit la Chambre des communes, là où se déroulent les débats, où on décide de débattre démocratiquement, avec le choc des idées que cela produit et où on doit non seulement débattre, mais aussi voter sur les différente mesures législatives. Voter est important, car un vote représente normalement les intérêts de notre population — dans mon cas, c'est le comté de Saint-Jean, alors que pour mes collègues, c'est ailleurs — et reflète aussi l'avis parfois contradictoire d'autres collègues. Naturellement, c'est la règle de la majorité qui s'applique. Donc, à la fin, il faut que la minorité se range du côté de la majorité. Or, à la Chambre des communes, on a toujours l'opportunité de débattre, de tenter de ramener des débats et de voir les choses différemment avec l'évolution de l'actualité. Cela m'apparaissait donc important de le mentionner.
Quand on arrive à la Chambre des communes pour la première fois, on reconnaît certaines choses. En ce qui me concerne, je reconnais que le premier ministre a des pouvoirs, qu'il a beaucoup de pouvoirs, mais je ne reconnais pas qu'il a tous les pouvoirs. Cela est bien différent. À certains moments, le premier ministre doit partager son avis et son pouvoir avec le reste de la Chambre. Je pense que le débat qui est devant nous aujourd'hui mérite que la Chambre en soit saisi. Comme je l'ai dit en commençant mon allocution, c'est le Bloc québécois qui finit par amener ce débat et non le premier ministre, qui invoque toutes sortes de raisons que je repousserai tout à l'heure.
(1015)
J'ai dit plus tôt que le gouvernement avait renié sa parole. J'ai justement six extraits où il est très explicite qu'on ne devait pas aller dans la direction qui a été adoptée à Lisbonne. Je vais donner des exemples.
En janvier 2010, voici ce que le premier ministre disait:
[Traduction]
Nous ne participerons pas à des activités qui nécessitent une présence militaire, exception faite des gardiens qui assurent la protection des ambassades. Par conséquent, il s'agira dorénavant d'une mission purement civile.
[Français]
Il était clair que le volet militaire prenait fin.
Quelques mois plus tard, le premier ministre disait:
Monsieur le Président, ma réponse est la même que celle que j'ai donnée la semaine dernière et que celle que je donnerai la semaine prochaine: la mission militaire du Canada en Afghanistan se terminera en 2011, selon une résolution adoptée par le Parlement. Nous avons l'intention de continuer à nous impliquer en Afghanistan quant au développement, à la gouvernance et à l'aide humanitaire. Nous invitons l'opposition à nous faire part de leurs idées à l'avenir sur cette mission.
Encore une fois, c'est très explicite: il n'y aura plus de volet militaire.
Le 11 avril dernier, c'est le ministre de la Défense nationale qui s'exprime au sujet de la formation de l'armée afghane:
Après 2011, la mission militaire ne se poursuivra pas. [...] Ce que nous ferons dans le domaine de la formation sera essentiellement dans le secteur policier [donc civil]. Et cela représente une composante essentielle de la sécurité en Afghanistan. [...] Soyons clairs, en ce moment, c'est de la pure spéculation. Nous parlons à un an du retrait des Forces canadiennes.
Il est intéressant de noter que le ministre des Affaires étrangères s'objectait aussi à un vote à la Chambre:
(1020)
[Traduction]
Nous avons indiqué clairement que nous n'aurons plus de présence militaire en Afghanistan après 2011. Par conséquent, il n'est pas nécessaire de tenir un débat à la Chambre.
[Français]
C'est assez clair: le volet militaire se terminera. En décembre 2009, le Chef d'état-major de la Défense disait ceci:
Les opérations militaires doivent cesser en juillet 2011, tel que le stipule la motion adoptée par la Chambre des communes. Pour nous, quand on parle de « militaires », ça veut dire tous les militaires, ce qui inclut les soldats au sein de l'Équipe de reconstruction provinciale, les soldats qui protègent nos civils et ceux qui entraînent les forces afghanes. On prévoit ramener tous les soldats au pays.
On a été extrêmement surpris d'entendre des rumeurs selon lesquelles on garderait de 950 à 1 000 soldats en Afghanistan. Malgré toutes ces déclarations faites au cours de l'année, c'est le contraire qui s'est produit. C'est pour cette raison qu'on dit que le premier ministre et le gouvernement conservateur ont renié leur parole. C'est ce qui nous a amenés au débat d'aujourd'hui.
Le Bloc québécois réitère que le pouvoir de déployer des troupes est extrêmement important et que le premier ministre doit partager ce pouvoir avec la Chambre des communes. Le Bloc et moi-même avons affirmé à de multiples reprises que c'est à la mission que le gouvernement veut développer que nous nous en prenons. Nous ne nous en prenons pas aux militaires, qui sont sous les ordres des autorités civiles.
J'ai côtoyé des militaires à plusieurs reprises. Je suis allé en Bosnie avec le Royal 22e Régiment et je suis allé trois fois en Afghanistan. Je peux donc réaffirmer haut et fort que les militaires font un travail extraordinaire. Ce n'est pas à eux qu'il faut s'en prendre. On s'oppose au type de mission et à la façon dont les opérations sont menées en Afghanistan avec ce gouvernement. C'est pour cela que nous devons forcer un débat aujourd'hui.
En tant que porte-parole, je suis appelé non seulement à évaluer la mission, mais aussi à étudier les budgets et à déterminer s'il faut déclarer la guerre ou la paix. Et c'est une responsabilité que partagent tous mes collègues. C'est une responsabilité qui doit revenir au Parlement et à tous les députés qui siègent à la Chambre.
À plusieurs reprises, on a dénoncé le fait que le gouvernement ait procédé en inversant les politiques. Il a acheté énormément de matériel militaire. On n'est pas nécessairement contre cela, mais on aurait aimé qu'il le fasse dans le cadre d'un plan beaucoup plus structuré. Ce gouvernement nous amène dans une direction très militariste, ce qui a d'ailleurs commencé sous le règne de ses prédécesseurs, les libéraux. Maintenant, il n'y a presque plus de missions de paix.
Quand on achète des avions de transport stratégiques et tactiques, des véhicules blindés ou d'autre matériel militaire, il faut bien que cela soit dans un but précis. Pourquoi achetons-nous ce matériel?
La Stratégie de défense Le Canada d'abord a été établie, mais ce n'est pas une politique du ministère des Affaires étrangères. Il aurait fallu que le gouvernement propose une politique des affaires étrangères décrivant ce que veut faire le Canada. Il y a un bras là-dedans, soit la Défense nationale, qui fait partie de la politique étrangère. Il faudrait dire ce que l'on veut que les Forces canadiennes fassent dorénavant et on pourrait acheter le matériel en conséquence.
Malheureusement, le gouvernement a inversé l'importance de la démarche que je viens de décrire. Il a commencé par acheter du matériel, puis il prévoit l'utiliser en Afghanistan ou ailleurs, on ne sait pas trop où. Il n'y a pas de politique d'affaires étrangères claire. On est dans le vide et un danger nous guette. Ne va-t-on pas dire que maintenant qu'on a acheté 50 ou 60 milliards de dollars de matériel militaire, il faut se doter d'une politique permettant de rentabiliser ces achats? Il aurait fallu procéder de façon inverse.
Le Bloc québécois s'objecte à la mission comme telle. Depuis longtemps, des délégations sont envoyées dans des instances de l'OTAN, et je suis l'un des premiers à prendre la parole à ce sujet. Il aurait été important que l'OTAN partage le fardeau de l'opération militaire en Afghanistan. Je suis allé trois fois en Afghanistan. Je suis allé dans le nord, où j'ai circulé avec les forces allemandes, et je peux dire qu'il n'y a presque rien qui s'y passe.
(1025)
Le problème est dans le Sud. C'est là que les Canadiens sont actuellement cantonnés, comme ils le sont depuis plusieurs années. On demande souvent aux instances de l'OTAN s'il y aurait moyen de partager le fardeau de façon plus équitable car cela coûte cher en vies humaines, mais aussi financièrement, pour soutenir un théâtre des opérations comme celui de Kandahar, qui se trouve de l'autre côté de la planète. Il faut y transporter le matériel et monter tout cela. Les coûts sont astronomiques, et certains commencent à dire que cela nous aura coûté 20 milliards de dollars lorsqu'on aura fini notre opération là-bas.
Les points cardinaux sont importants en Afghanistan, et les troupes canadiennes sont dans le fief des talibans. Ce sont elles qui subissent les pertes les plus élevées par habitant. On est en train de perdre ce conflit. Les chartes qui nous sont données par l'OTAN et par l'ONU nous montrent qu'il y a actuellement une escalade importante du conflit. C'est pourquoi, au Bloc québécois, on dit que les Forces canadiennes en ont assez fait. Maintenant, ce serait aux autres de prendre la relève. On pourrait se contenter d'une mission policière, d'une mission de développement et d'une mission diplomatique, ce qu'on néglige souvent. Ici, on entend beaucoup plus parler du volet militaire que d'autre chose.
Le gouvernement nous dit que nos forces seront derrières les barrières à entraîner les soldats. J'ai vu cela quand je suis allé en Afghanistan, j'ai vu l'entraînement derrière les barrières. Or un entraînement, c'est plus que cela. On ne peut pas se contenter de leur montrer le fonctionnement d'un cran de sécurité. C'est pas mal plus compliqué que cela. On ne peut pas se contenter d'un cours théorique. Il doit être associé à un cours pratique. Depuis que j'ai entendu dire qu'on allait les installer à Kaboul et qu'ils n'auraient pas à aller sur le théâtre des opérations, j'ai souvent eu des doutes là-dessus. Et qui donc m'a donné raison la semaine passée? Le général Rick Hillier, l'ancien chef d'état-major. Voici ce qu'il dit à propos de la formation militaire sans participer à des combats:
[Traduction]
On peut imaginer toutes sortes de scénarios pour se cacher dans un camp et former des recrues pour l'armée afghane, mais ils ne sont pas crédibles. Si vous participez à la formation et au perfectionnement de l'armée afghane, vous vous trouvez en situation de combat.
[Français]
Quand on entraîne, la première étape consiste à montrer comment épauler, tirer et se mettre en position de base. Après, c'est comme une pratique de hockey. C'est facile durant la pratique, mais quand on joue une vraie partie, c'est autre chose. Dans quelques années, on apprendra que des mentors accompagnaient les troupes sur le théâtre d'opération. C'est dans le feu du combat qu'il faut corriger les mouvements et les stratégies. Si on n'est pas là, on ne sait pas ce qui se passe. Le général, lui aussi, dit qu'une formation sera amputée si les mentors ne suivent pas leurs élèves sur le théâtre d'opération. Voilà pour la formation.
Pour la troisième fois, lors du vote de mardi, le Bloc québécois s'objectera au type de mission qui est mis en avant. On a examiné la question sous toutes ses coutures. À l'époque, on trouvait qu'il n'y avait pas de stratégie de sortie et que la formation n'allait pas assez vite. On accélère maintenant la formation. On va voter une troisième fois parce qu'on a des responsabilités. Mes amis libéraux m'ont déçu, la dernière fois. Pendant un an, avant la dernière prolongation, je les entendais dire que c'était assez. Je me rappelle très bien qu'ils employaient les mêmes arguments que ceux que j'emploie aujourd'hui, notamment l'importance de la rotation à l'OTAN afin que ce ne soit pas toujours les mêmes qui supportent le fardeau. À ma grande surprise, ils ont finalement décidé de se joindre à l'équipe des conservateurs pour prolonger la mission.
Aujourd'hui, on ne veut plus prolonger cette mission. Cela fait longtemps qu'on ne veut plus la prolonger. Le gouvernement est en contradiction avec ce qu'il dit depuis un an. Il a sûrement subi des pressions, mais cela ne justifie pas un changement de direction à 180 degrés.
Le Bloc québécois, avec son positionnement politique, va dans le sens de ce que les Québécois veulent. D'après les sondages récents, 78 p. 100 des Québécois s'objectent à la nouvelle mission que le gouvernement veut lancer. Les électeurs suivent l'actualité. Tout comme nous, ils entendent dire depuis un an que le volet militaire se terminera. On ne parle pas seulement du volet de combat, car le volet militaire englobe la formation. On avait tous compris que pour ce qui est des militaires, il n'en resterait probablement qu'un seul, soit l'attaché militaire à l'ambassade de Kaboul. Or ce n'est pas ce qui se passe actuellement.
Il faut assumer collectivement les conséquences des gestes que nous posons, quand on dit qu'on s'en va en guerre. Depuis plusieurs années, on constate une escalade vers l'aspect guerrier plutôt que vers l'aspect mission de paix. Il faudrait peut-être revenir aux missions de paix. Ce serait beaucoup plus conforme à la volonté de la population. On regarde l'évolution des choses et on se dit qu'il faut que cela s'arrête à un moment donné. Pour notre part, nous pensons que cela aurait dû s'arrêter depuis un bout de temps. Chaque fois que le gouvernement soumettra de telles propositions militaristes, nous devrons y nous objecter et refuser la prolongation.
J'ai assisté à cinq funérailles de soldats, comme c'est noté dans les calepins que j'ai ici. C'est la conséquence directe des gestes posés par la Chambre des communes. Collectivement, quand on va en guerre, il y a des conséquences. Il est absolument intolérable de se tenir à côté de la tombe d'un jeune soldat ou d'une jeune soldate de 22, 23 ou 25 ans. Jusqu'à maintenant, 152 soldats, un diplomate, un journaliste et deux personnes oeuvrant dans le domaine de l'aide humanitaire sont décédés. C'est un bilan extrêmement lourd, et c'est sans compter les milliers de soldats blessés. Pour notre part, nous croyons que c'est assez.
Cela a coûté 20 milliards de dollars, on a perdu 152 soldats et il y a plusieurs centaines de blessés. On pense que le sacrifice est devenu trop lourd. On en a trop assumé. Il faut que ce soit les autres nations de l'OTAN qui apportent leur aide et que nous nous nous contentions d'une approche civile avec les policiers, d'une approche carcérale avec nos gardiens de prison, d'une approche de justice, etc.
(1030)
Pour ce qui est des militaires, le temps est venu de ramener les troupes à la maison.
[Traduction]
[Table des matières]
M. Deepak Obhrai (secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères et de la ministre de la Coopération internationale, PCC):
Monsieur le Président, le député s'est rendu en Afghanistan à maintes reprises. Nous avons visité ce pays ensemble. Il parle des conséquences tragiques liées à la perte de vies humaines, qu'il s'agisse de soldats ou de diplomates.
Oui, des Canadiens sont morts. C'est tragique, mais c'est une responsabilité que le Canada assume sous l'égide de l'OTAN. Nous sommes un pays responsable, un petit pays, mais dont les militaires ont lutté farouchement. Nous pouvons tous, y compris le député, être fiers de ce que les militaires ont accompli et de ce qu'ils accomplissent en Afghanistan, ce qui inclut notre mission diplomatique.
Force est de constater que nous ne pouvons pas choisir les événements qui se produiront. Le gouvernement suit une approche globale en matière de diplomatie, de développement et sur le plan de la sécurité.
Il est vrai que les Canadiens ont consenti de nombreux sacrifices, mais il n'est que normal que nous laissions le pays aux mains des Afghans. Nous avons toujours affirmé que l'Afghanistan appartient aux Afghans, mais il est de notre responsabilité de nous assurer que nous leur laissons une force bien entraînée qu'ils peuvent prendre en charge. Nous ne pouvons pas les laisser avec un travail fait à moitié. Nous sommes les meilleurs en matière de formation et nous pouvons leur enseigner ce que nous avons appris.
C'est pour cela que je suis étonné que le Bloc québécois n'appuie pas ce projet. Il devrait appuyer les militaires canadiens et être fier de la mission de formation qu'ils accomplissent. C'est un héritage considérable que nous laissons à l'Afghanistan.
(1035)
[Français]
[Table des matières]
M. Claude Bachand:
Monsieur le Président, c'est sûr qu'on est fiers de ce que les Forces canadiennes ont fait et probablement de ce qu'elles vont faire encore parce que je regarde aller les choses et je constate que les conservateurs et les libéraux ont encore une fois la grande tentation d'être dans le même lit.
Cependant, mon argumentation tient toujours. Le Canada est allé occuper la pire région dans ce pays, dans le fief des talibans, lors du premier conflit en Afghanistan et on a laissé les troupes à cet endroit. Il y a eu beaucoup de discussions à l'OTAN, mais aussi à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN où les 28 nations sont représentées par les parlementaires, pour effectuer une rotation, mais la réponse a toujours été négative. Cela fait en sorte que dans les points cardinaux afghans, on a des gens qui sont dans le nord ou dans l'est où il n'y a presque pas de problème, alors que les autres sont obligés de supporter tout le fardeau.
C'est pour cela qu'on dit que cela suffit et que c'est le temps de ramener les troupes à la maison.
[Traduction]
[Table des matières]
Mme Chris Charlton (Hamilton Mountain, NPD):
Monsieur le Président, je tiens à féliciter mon collègue pour son superbe discours. Je souscris en grande partie à ce qu'il a dit ce matin à la Chambre.
J'aimerais revenir au libellé de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. Voici ce que la motion dit:
Que cette Chambre condamne la décision du gouvernement de prolonger unilatéralement la mission canadienne en Afghanistan jusqu’en 2014 [...]
Cela donne l'impression que, si la question avait été soumise à un vote à la Chambre, le député aurait pu approuver le prolongement de la mission.
Je voudrais donner au député l'occasion de préciser s'il estime, comme nous tous au NPD, que prolonger la mission est condamnable, un point c'est tout, et que nous devrions rapatrier nos soldats, qu'il y ait ou non un vote à la Chambre.
[Français]
[Table des matières]
M. Claude Bachand:
Monsieur le Président, je suis d'accord avec ma collègue. Si elle veut que je sois le plus clair possible, je lui réitère que nous sommes contre la prolongation de la mission en Afghanistan, particulièrement à cause du volet militaire.
On n'a rien contre le fait que les volets relatifs au développement humain et à la diplomatie puissent continuer, mais cela suffit pour le volet militaire. On l'a dit. Ce n'est pas la première fois qu'on le dit, cela va faire la troisième fois de suite que le Bloc québécois répète qu'il est contre cette mission militaire en Afghanistan.
Il faut que ce soit clair, net et précis: le Bloc va s'objecter. Qu'il y ait eu un vote ou qu'il n'y ait pas eu de vote, on se serait objectés quand même. Quand la proposition de Lisbonne a été rendue publique, on l'a critiquée et on a dit qu'on n'était pas d'accord avec celle-ci.
[Table des matières]
M. Guy André (Berthier—Maskinongé, BQ):
Monsieur le Président, j'aimerais féliciter mon collège de Saint-Jean de son excellent discours sur la motion que nous avons présentée aujourd'hui.
J'aimerais lui poser une question sur ce qu'il a abordé dans son discours, soit le fait que le premier ministre s'est engagé à mettre fin à cette mission en 2011 et que maintenant, il a remis en question cet engagement. Cela fait partie des nombreuses déclarations qu'a faites en cette Chambre le député de Saint-Jean.
Ce qui m'inquiète dans ce que mon collègue a énoncé, c'est que les gens sont de plus en plus cyniques par rapport à la politique. Ils sont de plus en plus méfiants par rapport aux prises de position politiques. Ils ne croient plus aux élus. Je crois que c'est un exemple frappant de manipulation lorsque le premier ministre s'engage à mettre fin à une mission, qu'il dit qu'il y aura un vote en Chambre en cas de prolongement de la mission et qui, tout simplement, avec l'aide des libéraux et des conservateurs, va de l'avant avec le prolongement de la mission.
J'aimerais entendre mon collègue à ce sujet.
[Table des matières]
M. Claude Bachand:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de sa question.
Effectivement, le gouvernement a perdu complètement sa crédibilité dans le dossier au cours de la dernière année. Les déclarations étaient tellement explicites et précises que c'était terminé. Même le ministre des Affaires étrangères avait dit qu'il n'en resterait qu'un seul, soit l'attaché militaire à Kaboul. Cela va maintenant plus loin, parce que lorsqu'il était à Lisbonne, des gens ont commencé à parler que la mission se prolongerait peut-être au-delà de 2014. Je me rappelle très bien que le premier ministre et que le ministre des Affaires étrangères sont sortis en disant qu'elle prendrait fin en 2014. C'est le même discours qu'on a aussi entendu il y a quelques années. Il parlait alors d'un retrait des troupes en 2011, mais ce n'est plus le cas maintenant. Ils ont donc perdu leur crédibilité.
Pour notre part, nous sommes conformes à notre ligne de pensée. Quand on pense que ce n'est pas bon, ce n'est pas bon. Et c'est ce qu'on vient de dire, soit qu'on ne veut pas que le volet militaire soit maintenu après 2011.
(1040)
[Traduction]
[Table des matières]
L'hon. Jim Abbott (Kootenay—Columbia, PCC):
Monsieur le Président, je dois dire que je déplore sincèrement la position que le député a prise, lui qui, en mai, faisait partie de la délégation qui s'est rendue en Afghanistan. Il était sur les lieux. Il a pu voir de visu le visage des gens, des Afghans et des Canadiens qui servent les Afghans. Il devrait avoir honte de la position qu'il a prise.
Le député a parlé du fait que le Canada devrait prendre part à des missions de maintien de la paix. Comment s'y prendrait-il pour maintenir la paix? Déploierait-il plus de soldats étrangers ou formerait-il les soldats afghans de sorte qu'ils puissent assurer eux-mêmes leur sécurité? Nous allons donner à la population afghane les moyens de se débrouiller seule.
Il est inadmissible que le député ait proposé cette motion au départ.
[Français]
[Table des matières]
M. Claude Bachand:
Monsieur le Président, shame on this member, parce qu'ici, on a le droit de s'exprimer et on n'est pas contradictoires car cela fait trois fois qu'on dit ne pas vouloir d'extension. On est loin d'être contradictoires, et en plus, on représente la population du Québec qui nous dit ne pas en vouloir.
J'espère qu'il ne nous ramènera pas encore l'argument, à savoir que si nous ne soutenons pas le gouvernement, nous sommes du côté des talibans. Ce n'est pas ainsi que fonctionne une démocratie. Ce n'est pas vrai qu'on va tous parler sur la même note. Ce n'est pas vrai qu'on va tous dire la même chose et ce n'est pas vrai que, parce que le gouvernement présente une position, on va y être favorables. On a le droit d'exprimer notre dissidence ici dans ce Parlement, et c'est cela la démocratie parlementaire.
[Traduction]
[Table des matières]
M. Paul Dewar (Ottawa-Centre, NPD):
Monsieur le Président, j'ai une brève question à poser sur les propos qui viennent d'être échangés.
Nous savons que le gouvernement a brisé sa promesse et nous savons qu'il a eu l'appui des libéraux pour le faire. On peut toutefois se demander ce que nous obtiendrons en retour. Nous en tirerons une réduction de 200 millions de dollars pour ce qui est de la mission civile et, en contrepartie, des dépenses supplémentaires de 1,5 milliard de dollars pour la prolongation de la présence militaire. Le député considère-t-il ces dépenses comme étant un bon investissement et croit-il qu'elles entraîneront des résultats positifs?
[Français]
[Table des matières]
M. Claude Bachand:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de sa question, mais je lui dirai aussi que cela fait longtemps qu'on voit qu'il y a un déséquilibre dans cette mission. Cela fait des années qu'on dit qu'on donne dix fois plus au volet militaire qu'on donne aux volets développement et diplomatie. Cela n'a pas changé. Effectivement, on va réduire les fonds pour l'aide humanitaire, mais on va rajouter pour le volet militaire entre 500 et 700 millions de dollars par année pour les trois prochaines années. C'est encore un déséquilibre et c'est une autre raison pour laquelle on s'objecte au prolongement de cette mission.
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