je vous avoue une grande admiration, tous les deux (chose assez rare ces jours-ci, il me semble). Or, étant donné tout ce que vous avez fait, et tout ce que vous avez à faire, vous avez sans doute, tout naturellement, oublié l'excellente initiative de revoir le mode de scrutin que vous avez entrepris pendant votre premier mandat. Puisque vous vous engagez à faire adopter cinq lois, cinq réformes démocratiques tout à fait louables, puis-je avoir la témérité de vous recommander de faire adopter une sixième du même souffle, de revenir à vos promesses électorales de premier mandat, d'être conséquents, et donner suite à l'excellent rapport du professeur Massicotte? Je prends même le soin de vous rappeller son titre, soit À la recherche d'un mode de scrutin mixte compensatoire pour le Québec. Il va sans dire que le PQ, ayant fait de la réforme électorale une visée essentielle depuis ses débuts, serait réjoui de l'initiative, et les autres partis d'opposition encore davantage. Il me semble qu'étant donné les circonstances actuelles, tout le monde y retrouverait son compte, non?
Je vous prie d'agréer de mes sentiments les plus distingués, M. le PM et M. le ministre, et afin de rafraîchir les mémoires, je vous cite, en guise de postscriptum, le premier paragraphe de la conclusion du rapport du professeur Massicotte :
Appliqué au Québec, le mode de scrutin mixte compensatoire aurait plusieurs avantages. Il réduirait le problème récurrent des distorsions. Il rapprocherait le pourcentage des sièges remportés par un parti du pourcentage des votes qu’il a recueillis. Cela procurerait une représentation plus équitable à tous les partis et pourrait ouvrir les portes du Parlement à de nouveaux partis pouvant se réclamer d’un appui populaire minimal. On observerait un plus grand pluralisme politique et partisan non seulement au sein de l’Assemblée nationale, mais dans les régions mêmes, et il deviendrait exceptionnel qu’un parti monopolise la représentation d’une région particulière. Un système compensatoire fonctionnerait de façon beaucoup plus symétrique et équitable que le mode de scrutin actuel. La possibilité d’une inversion de rang touchant les principaux partis serait fortement atténuée et il deviendrait extrêmement improbable qu’un parti, comme en 1998, puisse obtenir une majorité absolue de sièges sans même détenir la pluralité du vote populaire. De plus, ces objectifs seraient atteints sans que l’on abolisse ce que plusieurs considèrent comme l’un des avantages essentiels du mode de scrutin actuel: l’existence de circonscriptions uninominales permettant de conserver un lien plus étroit avec l’électorat.
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