Hier, en discutant des origines du multiculturalisme, j'ai mentionné, au passage, comment l'expérience canadienne française en fut l'inspiration.* Les Mahovlich de ce monde comprenaient très bien la frustration d'entendre un nom tel Damphousse trahi par la prononciation des commentateurs dont les origines remontaient aux îles britanniques, un exemple parmi mille telles frustrations. Mais j'ai oublié de réitérer ce que je croyais un lieu commun, mais dont je me suis rendu compte nombre de Québécois, de toutes les origines, ignorent, soit que les meilleurs amis, alliés, partenaires, concitoyens, et cousins des Canadiens français, des Québécois et du Québec, furent et demeurent non seulement les non-francophones et tous les Canadiens, ce qui est vrai, mais en particulier ceux qui se reconnaissent dans la lutte d'une minorité, qu'ils soient d'origines irlandaise, écossaise, ukranienne, polonaise, allemande, russe, finlandaise, etc., ou qu'ils vivent dans d'autres provinces qui se considèrent petites par rapport à l'Ontario et au Pouvoir. Le Québec, les Québécois et les Canadiens français ne manquent pas d'amis au Canada, même parfois, voire souvent, ces êtres sont tellement bien intentionnés qu'ils deviennent inconsciemment, accidentalement, trop indulgents, et par ce fait, trahissent aux devoirs de l'amitié les plus fondamentaux (y a-t-il pire qu'un ami qui nous trahit par sa complaisance devant nos fautes, lui qui pourrait nous sauver de nous mêmes, et qui devrait le faire, s'il était l'ami qu'il prétend l'être?) Mais tel qu'indiqué, les plus fidèles amis sont ceux qui se conçoivent comme des minorités, que ce soit sur des bases ethno-linguistiques et/ou géographiques.
C'est pourquoi le Canadien connaît un soutien aussi intense, aussi indéfectible, quand il joue ailleurs au Canada. Vous vous n'êtes jamais posé la question pourquoi il y a tant de partisans aussi volubiles à Vancouver, à Calgary, à Edmonton, à Winnipeg dans le temps, et dans les provinces Atlantiques lors des matchs hors concours? Tous ces partisans du Canadien ont connu les mêmes frustrations que les Yuzyk et Mahovlich, et pour eux, depuis des générations, le Canadien, étant l'anti-Leafs, ils sont farouchement pro-Canadien, avec tout ce que ça implique : le Canadien est le porte étendard pour plusieurs "peuples", et non juste pour un seul. Le Canadien est même, quoiqu'il semble l'ignorer, comme plusieurs de ses partisans Québécois, l'équipe nationale...canadienne.
J'ai écrit ce billet puisqu'il me semble qu'on ignore trop souvent ces faits, qui sont quand même fondamentaux si on veut bien comprendre la place du Québec, et ses possibilités. L'avenir est au Canada québécois, mais il faudra qu'on se présente, et que l'on donne, euh, 110%...
* D'ailleurs, je viens de lire un excellent billet de Geddes qui retrace l'influence encore plus loin, jusqu'à Lafontaine, fondateur de la démocratie canadienne et le premier de nos premiers ministres, et même jusqu'à l'époque De Salaberry. Quant à moi, je remonterai à Champlain, vu ses sages politiques d'accomodement raisonnable avec la réalité hétérogène du pays dans lequel il se trouva. Or, l'ambition de mon billet se limitait à rappeller les origines modernes pluripartisanes du multi-interculturalisme officiel, tel qu'on le connaît.
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