Ceux qui auront écouté le match sur RDS ne sauront pas que la CBC a décidé d'ouvrir son émission avec Le But de Loco Locass, avec leur propre montage, suite à la suggestion du fils de Steve Shutt. Réfléchissez comme il faut. Le fils, anglophone, d'une légende torontoise anglophone des Habs, suggère la chanson de Loco Locass, avec sa référence à Lévesque et tout le reste. Et la CBC ouvre son émission avec! Le problème qu'ont toujours eu les indépendantistes, c'est que le Canada, c'est quand même pas le goulag, comme ironisait si bien Lévesque. Comment convaincre une forte majorité, une majorité CLAIRE, de se séparer d'un pays qui se comporte de même? Le problème fondamental des indépendantistes, en plus des obstacles matériels impossibles (entre mille exemples : selon leur propre logique, un OUI, le cas échéant, ouvrira aux autochtones les mêmes droits d'autodétermination et de sacrer leurs camps avec les ressources énergétiques essentielles), c'est les bonnes manières et le sens du fair play des canadiens anglais. Si seulement ils étaient plus chiants, les boys, hein? Ha. Mais non. Imaginez si on proposait l'équivalent de la Loi des Langues officielles à Québec, ayant pour effet de réduire l'emploi des francophones pour augmenter la proportion d'anglophones jusqu'à ce qu'ils soient même légèrement surreprésentés, et encore davantage parmi les cadres? Le monde péterait les plombs. Or, en pareilles circonstances, malgré certaines réticences et difficultés, les canadiens anglais ont fait preuve d'une grandeur d'esprit et d'une compréhension presque sans équivalent sur la planète. Ils font la queue pour envoyer leurs enfants, par centaines de milliers, dans des programmes d'immersion française à travers le pays. De mille et une façons, les canadiens anglais, comme ils l'ont été depuis 1774, ou 1848, demeurent les meilleurs amis, les plus indéfectibles alliés, les frères et soeurs, des canadiens français. Le Québec et la France, seuls, reussissent-ils l'exception culturelle, sans le Canada, sans le soutien des canadiens anglais? Etc..
Tout indépendantiste sérieux doit reconnaître, en son for intérieur sinon en public, que l'indépendance ne peut se faire qu'avec une forte majorité : comme l'a reconnu Deschamps, Dion a raison. Or, impossible de convaincre le peuple d'embarquer dans le projet quand les canadiens anglais se comportent si bien. L'histoire canadienne est celle d'un peuple, les canadiens français, qui tentent toujours d'afficher leur différence, et d'un autre peuple, les canadiens anglais, qui n'arrêtent pas de vouloir leur imiter, de vouloir participer aux mêmes jeux. C'est l'histoire d'un grand frère, francophone, qui ne réussit pas de s'affranchir de l'affection et de l'imitation du cadet, anglophone.
Le pays en entier reconnaît Lévesque comme l'un des plus grands Canadiens. Ils subventionnent des artistes indépendantistes, tels Falardeau, qui passent leur carrière des chier dessus. Ils acceptent d'assez bonne grâce qu'il y ait un parti indépendantiste au Parlement national, jusqu'au point de proposer un projet de gouvernement national qui aurait son soutien! Ils ouvrent LA grande émission nationale rassembleuse avec une chanson d'artistes ultranationalistes et indépendantistes. Etc.. Qu'ils sont chiants, avec leur bonnes manières, leur fair play, leur compréhension, hein? Ha.
Je vous dis les gars, je sais que vous connaissez la chanson, mais la toune, c'est une classique parce que c'est tellement vraie : on ne se sépare pas d'un tel pays. L'indépendance n'aura pas lieu, à moins qu'on soit prêt de l'accomplir dans les circonstances les plus désastreuses possibles. Le flag sur le hood de la limousine, vaudrait-t'il la misère et l'américanisation, l'anglicisation subséquentes? Bien sûr que non, à moins qu'on soit l'un de ces péquistes barbus fuckés. Mais le peuple, ce ne sont pas des homards, et ils ne suivront jamais suffisament : ils savent très bien que l'eau est bouillante.
Étant donné ceci, et l'exemple belge du désastre du repli et de la recherche d'identités particulières et des pouvoirs qui y sont associés, ne serons-nous pas mieux servis par une stratégie pancanadienne de coopération et de reconquête? Soyez rationnels. Réfléchissez. L'anti-trudeauisme est devenu un tel lieu commun politically correct dans les cliques bien pensantes, qu'on n'en débatte même plus. Mais si l'indépendance est impossible, et les conséquences de la stratégie du statut spécial sont néfastes, telles qu'en Belgique, quoi d'autre? Il vous a bien emmerdé, d'accord, mais désolé, il n'avait pas tort. Longtemps, on veut assassiner son père, ses parents. Mais si on est sage, si on est bien, psychologiquement, on se rend compte qu'ils avaient raison sur la plupart des affaires. Et si on est vraiment chanceux, on s'y rende compte avant qu'il ne soit trop tard...
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